Ateliers d'art de France présente

Quand les matériaux inattendus deviennent matières à création

L’offre des exposants de Révélations recouvre une large palette de savoir-faire, s’inscrivant dans le respect des traditions locales des régions représentées comme dans la recherche constante d’innovation pour travailler la matière.
Dans les coulisses des métiers d’art, certains créateurs repoussent les limites de la matière, explorant l’insolite, le délaissé, voire l’oublié, pour en révéler la poésie et l’innovation. Au cœur de Révélations, ces artisans d’exception transforment la lave, les feuilles mortes, les cheveux ou encore les algues en œuvres d’art singulières. Cette édition met en lumière des talents qui, en travaillant des matériaux improbables, posent un nouveau regard sur le monde naturel et la richesse de ses ressources. Découvrez ces artistes-matiéristes dont le geste sublime l’extraordinaire.

Atelier Andésite (France) — La lave, matière vivante et tableau minéral

Depuis 2012, Céline Martinant expérimente la lave volcanique comme on peindrait une toile. Avec Atelier Andésite, elle réinvente la matière brute, fusionnant savoir-faire céramique, techniques d’émaillage et usinage de la pierre. Sa méthode exclusive remet la lave en fusion pour faire émerger des textures organiques, minérales, presque picturales. Chaque pièce devient une trace de feu et de temps, célébrant les reliefs de la chaîne des Puys sous forme de sculptures uniques et sensorielles.

  • © Atelier Andésite
  • Alan Meredith ©Roland Paschloff
  • Marcela de la Vega © Juan Pablo Diaz
  • Marcela de la Vega © Juan Pablo Diaz

Marcela de la Vega – Collectif chilien (Chili) — Algues et glaciers, matière d’alerte

Visionnaire, Marcela de la Vega fait des algues un manifeste sensible sur les bouleversements climatiques. À travers des biomatériaux issus d’algues locales, de fécule ou de pectine, elle imagine des œuvres textiles qui évoquent la fonte des glaciers et la transformation des écosystèmes. Ses pièces sont le fruit d’un dialogue constant entre art et science, entre expérimentation artisanale et engagement environnemental. Une démarche incarnée, à la frontière du vivant et de sa disparition.

Suborna Morsheada – Banquet Bangladesh

Artiste visuelle basée à Dhaka, Suborna Morsheada développe une pratique hybride mêlant gravure, textile, artisanat et matériaux récupérés. Diplômée de la Faculté des Beaux-Arts de l’Université de Dhaka, elle travaille l’eau-forte, la lithographie et la gravure sur bois, tout en intégrant couture, tissage et assemblage d’objets trouvés — tissus usagés, fils de fer, jute, plastique.
Son projet Against All Odds, réalisé en collaboration avec les femmes du bidonville de Korail, à Dhaka, donne naissance à trois installations — The Phoenix of Renewal, Threads of Hope et Quilts of Resilience — qui transforment les déchets en récits de résilience et de renaissance.

  • © Giulano Tincani
  • © Giulano Tincani

Giuliano Tincani — Italie à l’honneur (Italie) – Objets précieux en coraux, éponges, minéraux et métaux nobles

Depuis plus de 30 ans, Giuliano Tincani façonne des objets d’art et de décoration en puisant dans un répertoire de matériaux aussi rares qu’étonnants : coraux, gorgones, coquillages, éponges marines, ambre, quartz ou agates. Dans ses mains, ces fragments de nature deviennent bijoux, luminaires ou mobiliers sculpturaux, sublimés par des métaux travaillés à la main — cuivre, bronze, aluminium ou laiton.
Loin de toute ornementation superflue, son travail valorise la beauté brute et singulière de chaque matière, dans un équilibre entre savoir-faire ancien, réutilisation d’éléments anciens et design contemporain.
Inspiré par l’esprit des cabinets de curiosités et animé d’une exigence esthétique rigoureuse, Giuliano Tincani crée des pièces uniques, à la frontière entre art, luxe et nature. Engagé de longue date pour la préservation des écosystèmes marins, il détient le certificat « We love Nature », gage d’un respect profond de l’environnement.

Tine Krumhorn — De Mains De Maîtres (Luxembourg) – Sculptures poétiques en carton texturé

Depuis 20 ans, Tine Krumhorn donne une nouvelle noblesse à un matériau inattendu : le carton. Rebaptisé par elle CarTex — carton-texture —, ce support modeste devient sous ses mains matière à création, sculpture et introspection.
Diplômée de l’École des Arts Appliqués de Metz, elle façonne le carton jusqu’à le rendre méconnaissable, l’usant, le patinant, jouant avec la lumière pour en révéler la richesse plastique.
Ses bas-reliefs Paysages Intérieurs brouillent les frontières entre photographie, peinture et sculpture, et transforment cette matière recyclable en support d’émotions et de récits intimes.
Installée au Luxembourg, elle poursuit une démarche singulière et engagée, saluée par de nombreuses expositions et distinctions.

  • © Gabriela Sagarminaga
  • Gabriela Sagarminaga

Gabriela Sagarminaga — Sociedad Española de Artesanía Contemporánea (Espagne) – Installations sculpturales en fibres végétales

Dans son atelier au Pays basque, Gabriela Sagarminaga réinvente les fibres végétales — notamment l’esparto, une herbe méditerranéenne — en les modelant comme des sculptures contemporaines.
Ses œuvres, conçues pour des hôtels, des espaces commerciaux ou des collections d’art, allient savoir-faire ancestral et technologies de fabrication numérique. Elle transforme cette fibre humble en objets spectaculaires, comme un léopard grandeur nature façonné en esparto, monté sur bois.
Chaque pièce associe fibre naturelle, bois noble, textile ou métal, dans une démarche à la fois durable et résolument contemporaine. Elle fait de l’éco-conception un véritable moteur créatif.

Helen O’Shea – Banquet Irlande

Basée à Cork, Helen O’Shea développe une pratique sculpturale profondément ancrée dans les enjeux de durabilité, en particulier ceux liés aux déchets plastiques. À travers la transformation de matériaux existants — notamment les bouteilles plastiques — elle crée des formes organiques inspirées du monde naturel, interrogeant notre relation à l’environnement.
Diplômée en arts appliqués contemporains de la MTU Crawford College of Art and Design (2017), O’Shea a poursuivi un master de recherche axé sur les récits alternatifs autour des déchets plastiques.

  • © Helen O'Shea
  • © Helen O'Shea
  • © Alyssa Jos
  • © Alyssa Jos
  • Alyssa Jos © Marion Saupin

Alyssa Jos (France), représentée par Eric Hennebert — Le luxe du déchet végétal

Et si les feuilles mortes de Paris devenaient matière précieuse ? C’est le pari audacieux d’Alyssa Jos, qui récupère les feuilles balayées des trottoirs pour en faire un textile poétique. Stabilisées, découpées, tissées, ces feuilles deviennent surfaces riches de textures et d’émotions. Une démarche éco-artistique qui interroge notre rapport au vivant et redonne du sens à ce que la ville jette sans y prêter attention.

Idoia Cuesta — Sociedad Española de Artesanía Contemporánea (Espagne) – Vannerie contemporaine à partir de fibres naturelles et recyclées

Biologiste de formation, Idoia Cuesta explore les potentialités créatives des fibres végétales en les tressant, les hybridant, les réinventant.
Installée en Galice, elle cultive elle-même plusieurs espèces de saule dans son jardin pour ses créations. Son approche mêle techniques traditionnelles de vannerie et innovations textiles, aboutissant à des objets fonctionnels et sculpturaux.
Ses œuvres intègrent souvent des matériaux recyclés, affirmant une démarche éthique et environnementale.

  • © Idoia Cuesta
  • © Idoia Cuesta
© Tzuri Gueta

Tzuri Gueta - Association du Viaduc des Arts (France) – La dentelle du futur

Tzuri Gueta, designer textile formé au Shenkar College près de Tel-Aviv, s’installe à Paris pour collaborer avec l’agence Trend Union. Alliant artisanat et innovation, il crée depuis 20 ans des matériaux uniques pour la Haute Couture, avec Jean Paul Gaultier, Dior, Mugler ou Givenchy. Sa découverte du silicone, matériau souple et résistant, marque un tournant : il invente la dentelle siliconée, une technique brevetée mêlant textile et résine. Ce procédé novateur donne naissance à des créations sculpturales, sensuelles et intrigantes, à la croisée de l’art et de la mode.

Anaïs Duplan - Région Occitanie / Pyrénées Méditerranée (France) — Le crin de cheval en trame de luxe

Avec un sens aigu de la matière textile, Anaïs Duplan magnifie le crin de cheval, fibre rare et complexe, en le tissant pour l’architecture d’intérieur, la mode ou la décoration. Entre tradition et innovation, son travail fait dialoguer cette matière naturelle avec d’autres nobles matériaux comme la paille ou le cuir. Elle insuffle au crin un vocabulaire contemporain fait de tresses, rubans et textures raffinées, portées par la précision de l’artisanat d’art.

© Anaïs Duplan
© Antonin Mongin

Antonin Mongin – Bureau du Design de la Mode et des Métiers d’Art (France) — Le cheveu, mémoire textile

Antonin Mongin ressuscite un savoir-faire oublié : l’art de travailler le cheveu. À partir de dons capillaires, il crée des matériaux textiles empreints d’identité et de mémoire. En les textilisant avec rigueur et poésie, il transforme ce qui est souvent perçu comme rebut en une matière profondément humaine. Ses créations, sur mesure, mêlent également d'autres fibres atypiques comme le crin, le sisal ou les fibres végétales françaises, pour composer de véritables œuvres tactiles et émotionnelles.
Antonin Mongin a été lauréat 2017 du Prix de la Jeune Création Métiers d’Art.

Vero Reato / Organic Mineral (France) — Le béton, matière sensible

Sculptrice du béton vivant, Vero Reato transforme cette matière froide en un médium d’expression organique. Ses œuvres sculptées évoquent des formes coralliennes ou cosmiques, convoquant autant la fragilité du vivant que la force de la pierre. Dans son travail, le béton devient peau, coquille, bouclier. Portée par une conscience écologique affirmée, elle fait de ce matériau urbain un manifeste poétique et résilient.

  • © Vero Reato
  • © Vero Reato
  • © Henar Iglesias
  • © Henar Iglesias

Henar Iglesias — Sociedad Española de Artesanía Contemporánea (Espagne) – Mosaïques de plumes inspirées des amantecas

Henar Iglesias perpétue un art rare et ancestral : celui de la plumasserie. Dans ses créations, la plume devient matière picturale, sublimée sans teinture, uniquement par ses motifs naturels.
Inspirée par les amantecas — artisans précolombiens experts en mosaïques de plumes —, elle compose des œuvres à la symbolique forte, nourrie d’un héritage familial (père peintre, mère modiste) et de sa formation en mathématiques.
Ses pièces ne relèvent pas seulement de l’esthétique : elles incarnent une dimension totémique, chaque plume étant choisie, triée et agencée avec une rigueur quasi scientifique. Son art unique tisse un lien entre histoire, spiritualité et élégance naturelle.

Claire Caron Mayor (France) — Le vivant réinventé en papier et laine

Sculptrice de l’illusion du vivant, Claire Caron Mayor compose des créatures hybrides en papier recyclé, laine locale et teinture végétale. Ses sculptures, inspirées par l’anatomie animale et son expérience en taxidermie, mêlent rigueur scientifique et douceur onirique. Elle explore aussi des matériaux secondaires comme le plastique ou la mousse polyuréthane pour redonner chair et poésie à l’éphémère. Une ode éthique et sensorielle à la biodiversité.

  • © Claire Caron Mayor
  • © Claire Caron Mayor
  • © Ateliers Aurélia Blanc & Lucile Viaud
  • © Ateliers Aurélia Blanc & Lucile Viaud

Ateliers Aurélia Leblanc & Lucile Viaud (France) — Le tissage de verre, matière de lumière

De la fusion du verre géo-sourcé de Lucile Viaud et du tissage textile d’Aurélia Leblanc est né un matériau unique : le tissage de verre. Le duo explore une matière entre souplesse et rigidité, transparence et opacité, qui allie fils biosourcés (lin, chanvre, algue, etc) et verre recyclé. Chaque centimètre de cette étoffe singulière est un dialogue entre la terre et le geste, entre l’architecture et le vêtement. ALLV est une véritable ode à la matière lente, façonnée à quatre mains pour l’art et l’architecture.

Sophie Blanc Doreuse (France) — Dorure botanique et poésie végétale

Sophie Blanc fait scintiller la nature la plus discrète : brindilles, herbes folles, akènes ou cupules deviennent de délicates sculptures dorées. Grâce à une technique personnelle de dorure sur végétaux, elle sublime la fragilité du vivant en lui offrant une nouvelle pérennité. Chaque élément, récolté à maturité, est nettoyé, apprêté, puis orné de feuille d’or. Une démarche contemplative et sensible, qui invite à redécouvrir la beauté du détail et la préciosité de notre patrimoine végétal.

  • Sophie Blanc © Samuel Cort
  • Sophie Blanc © Samuel Cort
  • Sophie Blanc © Samuel Cort
  • © La Thanatothèque
  • © La Thanatothèque

La Thanatothèque (France) — L’anatomie précieuse du monde animal

Entre bijou, sculpture et taxidermie, La Thanatothèque réinvente la présentation naturaliste à travers la technique d’« éclaté à la Beauchêne ». Marion Arbona et Guillaume Viel remontent avec minutie des squelettes d’insectes, de crustacés ou d’oursins en œuvres à la fois pédagogiques et artistiques. En mêlant rigueur scientifique et savoir-faire de joaillerie, ils révèlent la complexité cachée du vivant, transformant l’animal disparu en joyau anatomique.

S-Kif Studio / Sandy Pouget (France) – Décors et sculptures sur mesure aux textures insolites

Avec S-KIF Studio, la créatrice papier Sandy Pouget métamorphose les espaces à travers des œuvres sur mesure où les textures jouent le premier rôle.
Travaillant pour l’hôtellerie de luxe, les résidences privées ou les lieux publics, elle conçoit des décors et sculptures qui défient les matériaux traditionnels. Béton pigmenté, plâtre sculpté, résines sablées, matières brutes ou patinées — chaque œuvre est une expérience sensorielle et esthétique.
En étroite collaboration avec architectes et designers, elle explore la matière dans sa dimension émotionnelle et poétique, transformant les contraintes en opportunités créatives.

  •  © S-Kif Studio / Sandy Pouget
  •  © S-Kif Studio / Sandy Pouget

Découvrez également les créations de parchemin de Sophie Théodose, qui cohabiteront notamment sous les verrières restaurées du Grand Palais avec le mobilier de Line & Raphaël, mêlant ébénisterie traditionnelle, technologies 3D et décors en marqueterie. A travers son travail sur le mouvement atypique, Mylinh Nguyen développe des collections de sculpture en mettant à profit des techniques de métal (usinage, martelage et monture sur bronze) et de modelage.

magnifiercross